Pig Boy

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Théâtre de l'Élysée – 14, rue Basse-Combalot, 69007 Lyon.
Du mercredi 17 au vendredi 19 mai 2023, à 19h30.
Réservations sur le site de l'Elysée.

Dans un trip­tyque à la forme hybride, atyp­ique, et futur­iste, Gwen­do­line Sou­blin explore les tra­vers de l’élevage inten­sif et inter­roge le devenir du monde paysan et les lim­ites du progrès. Se jouant de toutes les modalités de la parole, elle nous plonge tour à tour dans la tête d’un agricul­teur se rêvant cow-boy plutôt que pig- boy ; dans le procès en ligne d’un porc-star nommé Pig Boy, où juges et inter­nautes décident de son sort ; puis dans la tête d’une tru­ie qui s’échappe de sa clin­ique pour aller met­tre bas de ses petits-bébés‑d’hommes dans la « nuit forestière ».
Du des­tin d’un agricul­teur bre­ton de 1986 à celui de l’humanité en 2358, Pig Boy est une tragédie d’anticipation, jubi­la­toire et poétique.

Notre avis : En l’e­space de quelques années, Pig Boy de Gwen­do­line Sou­blin a déjà séduit plusieurs troupes. Les spec­ta­teurs lyon­nais ont même eu le choix entre plusieurs adap­ta­tions cette sai­son. Mais qui est Pig Boy ? Le con­cept d’un trip­tyque se déroulant sur plusieurs épo­ques, mêlant agri­cul­ture, cochon star et antic­i­pa­tion sug­gère un spec­ta­cle hors norme…et c’est le cas. Le col­lec­tif Le Bruit des Cloches, une jeune com­pag­nie cler­mon­toise, s’empare sans com­plexe de cette œuvre forte et un peu folle.

Pig Boy se présente sous la forme d’un trip­tyque se déroulant de 1986 à 2358. Chaque par­tie forme une his­toire à part entière, même si des con­nex­ions exis­tent entre les trois volets. Pre­mière époque : Hélène Cer­les et Noëlle Miral, égale­ment à la mise en scène, con­tent le des­tin d’un jeune agricul­teur depuis sa nais­sance en 1986. À la manière d’un livre dont vous êtes le héros, des choix lui sont pro­posés à chaque événe­ment. Le jeune homme veut avant tout être cow-boy et non pas élever des cochons. Son par­cours sera pour­tant rude face à la réal­ité des con­traintes vécues par le monde agri­cole. Romain Mau­rel, qui incar­ne l’a­gricul­teur, déploie égale­ment ses tal­ents de musi­cien. Le vio­lon est mis à l’hon­neur, et ce dès la belle ouver­ture en musique du spec­ta­cle. Des moments d’hu­mour, y com­pris en chan­son, parsè­ment l’his­toire de ce cow-boy soli­taire en détresse.

La deux­ième par­tie con­stitue cer­taine­ment le temps fort du spec­ta­cle. En 2050, le cochon star Pig Boy, emblème de la mar­que Per­ta, est au cen­tre d’un scan­dale et d’un procès choc ! Il est accusé d’avoir cop­ulé avec une admi­ra­trice japon­aise. Dans un monde ultra-con­nec­té, avide de break­ing news, le procès prend une tour­nure folle. Hélène Cer­les et Noëlle Miral enchaî­nent les inter­pré­ta­tions de nom­breux per­son­nages très dif­férents. Mal­gré l’hu­mour, les enjeux de pou­voir économique, médi­a­tique, judi­ci­aire se révè­lent et s’en­tremê­lent, n’évi­tant pas cer­taines dérives. Après le vio­lon, ce sont les syn­thé­tiseurs et les sons élec­tron­iques qui agré­mentent cette deux­ième partie.

Le troisième volet du trip­tyque est plus aride. Le lan­gage employé est déroutant et la mise en scène joue alors de l’ob­scu­rité ou des éclairages ténus avant le choc visuel de fin. En 2358, la sci­ence a engen­dré des aber­ra­tions où la lim­ite entre l’homme et l’an­i­mal a été repoussée…

Pig Boy se révèle être un spec­ta­cle sachant faire sourire, rire, mais surtout réfléchir. Le promet­teur col­lec­tif Le Bruit des Cloches est une belle révéla­tion au ser­vice de cette œuvre coup de poing.

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